Grigore Alexandrescu – Le chien et le chiot

Ce que j’ai en horreur certains de nos semblables,
Tels loups, lions, panthères et quelques uns des leurs,

Qui grandement se targuent d’avoir quelque valeur
Si un grand nom ils portent,
C’est un hasard, qu’importe !
Je suis moi-même peut-être de quelque famille noble,
Mais n’en fais aucun cas.
Partout le monde change et veut l’égalité,
Un tel orgueil stupide n’est que pure vanité.
Pour ce qui me concerne, tout le monde le sait,
Combien cela me plait
Lorsque tout animal, si basse soit son espèce,
Me traite du nom de chien et non de “ votre altesse”.
Ainsi parlait naguère à un bovin quelconque
Samson, molosse de garde à la voix forte et rauque.
Le chiot Samouraké, assis un peu plus loin,
Comme un simple badaud
Entendant leurs propos
Et qu’ils n’ont pas d’orgueil, ni de caprices vains,
S’approcha, l’air aimable,
Leur dire tout son amour et son admiration:
“Votre point de vue, dit-il, me semble admirable
Et j’ai en haute estime, mes frères, vos opinions!”
“Nous, tes frères, répondit plein de rage Samson,
Tes frères, nous, cabot!
Je vais te dire deux mots
Pour que tu t’en souvienne.
Sais-tu bien qui nous sommes, et est-ce à toi, poltron,
Vaurien, gredin, fripouille, de nous parler de ce ton?”
– ”Mais vous disiez …” – ”Comment? Qu’est-ce que cela, te fait?

Je disais, il est vrai,
Que je déteste l’orgueil et les lions royaux,
Je veux l’égalité, mais pas pour les chiots. ”

Ceci parmi les hommes, souvent nous le voyons
Et avec les grands seuls l’égalité cherchons.

Publié par Vlad Robert M. Lutic

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